Le biais de publication en psychologie: causes, conséquences et implications

Dans le domaine de la recherche en psychologie, l’objectif ultime est de produire des connaissances fiables et valides qui peuvent éclairer notre compréhension du comportement humain et améliorer la vie des gens. Cependant, un problème persistant qui menace l’intégrité de la recherche en psychologie est le biais de publication. Ce biais, également connu sous le nom de “problème du tiroir”, se produit lorsque les résultats des études qui montrent des effets statistiquement significatifs sont plus susceptibles d’être publiés que ceux qui ne montrent pas d’effets ou des effets faibles. Cet article examinera en profondeur le biais de publication en psychologie, en explorant ses causes, ses conséquences et les implications pour la recherche et la pratique fondées sur des données probantes.

Comprendre le biais de publication

Le biais de publication se produit lorsque le processus de publication favorise sélectivement la publication d’études avec des résultats positifs, c’est-à-dire des résultats qui montrent un effet statistiquement significatif. Cela peut conduire à une distorsion de la littérature scientifique, car les études avec des résultats négatifs ou non significatifs sont moins susceptibles d’être soumises, acceptées ou publiées. Ce phénomène a été comparé à un “problème du tiroir”, car de nombreuses études avec des résultats non significatifs finissent par être rangées dans les tiroirs des chercheurs, jamais publiées. Ce biais peut avoir des conséquences importantes pour la recherche en psychologie, car il peut conduire à une surestimation des effets, à une fausse représentation de la taille des effets et à une compréhension biaisée des phénomènes psychologiques.

Causes du biais de publication

Le biais de publication peut résulter de plusieurs facteurs, à la fois de la part des chercheurs et des éditeurs de revues scientifiques. Voici quelques-unes des causes les plus courantes ⁚

• Pressions de publication ⁚ Les chercheurs sont souvent soumis à une pression intense pour publier leurs travaux dans des revues à comité de lecture afin de progresser dans leur carrière, d’obtenir des financements et d’accroître leur réputation. Cette pression peut les inciter à privilégier la publication d’études avec des résultats positifs, même si ces résultats sont faussement positifs ou exagérés.
• Préjugés des éditeurs ⁚ Les éditeurs de revues scientifiques peuvent également être biaisés en faveur de la publication d’études avec des résultats positifs, car ils cherchent à publier des articles qui sont susceptibles d’intéresser leurs lecteurs et d’accroître l’impact de leur revue.
• Manque de puissance statistique ⁚ Les études avec une faible puissance statistique, c’est-à-dire celles qui sont moins susceptibles de détecter un effet réel, ont plus de chances de produire des résultats non significatifs. Ces études sont moins susceptibles d’être publiées, ce qui contribue au biais de publication.
• Effet de la taille de l’échantillon ⁚ Les études avec de grands échantillons ont plus de chances de produire des résultats statistiquement significatifs, même si l’effet réel est faible. Cela peut conduire à une surestimation de l’importance des effets, car les études avec des petits échantillons, qui sont moins susceptibles de produire des résultats significatifs, sont moins susceptibles d’être publiées.

Conséquences du biais de publication

Le biais de publication peut avoir plusieurs conséquences négatives pour la recherche en psychologie, notamment ⁚

• Surestimation des effets ⁚ Le biais de publication peut conduire à une surestimation de la taille des effets, car les études avec des effets faibles ou non significatifs sont moins susceptibles d’être publiées. Cela peut conduire à une compréhension biaisée des phénomènes psychologiques et à des conclusions erronées.
• Faux positifs ⁚ Le biais de publication peut également conduire à une augmentation du nombre de faux positifs, c’est-à-dire des résultats qui semblent statistiquement significatifs mais qui sont en réalité dus au hasard. Cela peut se produire parce que les études avec des résultats positifs sont plus susceptibles d’être publiées, tandis que les études avec des résultats négatifs sont moins susceptibles d’être publiées.
• Réplication ⁚ Le biais de publication peut rendre plus difficile la réplication des résultats de recherche, car les études avec des résultats négatifs ou non significatifs sont moins susceptibles d’être publiées. Cela peut rendre difficile la détermination de la fiabilité des résultats de recherche et peut conduire à une diminution de la confiance dans la recherche en psychologie.
• Pratique fondée sur des données probantes ⁚ Le biais de publication peut avoir des conséquences négatives pour la pratique fondée sur des données probantes, car il peut conduire à des recommandations basées sur des données biaisées. Cela peut entraîner des interventions inefficaces et même nuisibles.

Atténuer le biais de publication

Bien que le biais de publication soit un problème persistant en psychologie, il existe un certain nombre de stratégies pour atténuer ses effets. Voici quelques-unes des approches les plus courantes ⁚

• Enregistrement préalable ⁚ L’enregistrement préalable est une pratique qui consiste à enregistrer le plan d’une étude, y compris l’hypothèse, la méthodologie et l’analyse prévue, avant même de collecter des données. Cela peut aider à réduire le biais de publication en rendant les chercheurs responsables de la publication de leurs résultats, qu’ils soient positifs ou négatifs.
• Revues de données ouvertes ⁚ Les revues de données ouvertes sont des revues qui encouragent ou exigent que les données brutes et les analyses soient mises à disposition du public. Cela peut aider à réduire le biais de publication en permettant aux autres chercheurs de vérifier les résultats et de mener des analyses supplémentaires.
• Méta-analyses ⁚ Les méta-analyses sont des études qui combinent les résultats de plusieurs études sur un sujet donné. Cela peut aider à réduire le biais de publication en tenant compte de tous les résultats, y compris ceux qui ne sont pas significatifs.
• Revues systématiques ⁚ Les revues systématiques sont des études qui examinent systématiquement toute la littérature sur un sujet donné. Cela peut aider à réduire le biais de publication en s’assurant que toutes les études pertinentes, y compris celles avec des résultats négatifs, sont incluses dans l’analyse.
• Changer les normes de publication ⁚ Les éditeurs de revues scientifiques peuvent contribuer à réduire le biais de publication en modifiant leurs normes de publication. Par exemple, ils peuvent encourager la soumission d’études avec des résultats négatifs ou non significatifs, ou ils peuvent donner la priorité à la publication d’études avec une puissance statistique élevée.

Implications pour la recherche et la pratique

Le biais de publication est un problème important en psychologie qui a des implications significatives pour la recherche et la pratique. Il est essentiel que les chercheurs, les éditeurs et les praticiens soient conscients de ce biais et prennent des mesures pour l’atténuer. En adoptant des pratiques de recherche rigoureuses, en encourageant la publication ouverte et en utilisant des méthodes d’analyse appropriées, nous pouvons contribuer à améliorer l’intégrité de la recherche en psychologie et à garantir que les connaissances que nous produisons sont fiables et valides.

Conclusion

Le biais de publication est un problème persistant en psychologie qui peut avoir des conséquences négatives pour la recherche et la pratique. Il est essentiel que les chercheurs, les éditeurs et les praticiens soient conscients de ce biais et prennent des mesures pour l’atténuer. En adoptant des pratiques de recherche rigoureuses, en encourageant la publication ouverte et en utilisant des méthodes d’analyse appropriées, nous pouvons contribuer à améliorer l’intégrité de la recherche en psychologie et à garantir que les connaissances que nous produisons sont fiables et valides. En reconnaissant et en traitant le biais de publication, nous pouvons faire progresser notre compréhension du comportement humain et améliorer la vie des gens.